ÉLECTIONS EN RCA :
L’Union Africaine salue un scrutin réussi malgré les défis persistants

Des experts et observateurs de l’UA après la déclaration du 30 décembre 2025

BANGUI – La Mission d’Observation Électorale de l’Union Africaine a rendu publique sa déclaration préliminaire concernant le quadruple scrutin du 28 décembre 2025. Ce rapport met en lumière une organisation complexe réussie malgré des zones d’ombre logistiques et des enjeux de représentation persistants.

Un déploiement massif pour un scrutin inédit

Sous la direction de Bernard Makuza , la Mission a mobilisé trente-deux observateurs originaires de vingt-et-un pays différents. Ces experts ont sillonné les préfectures de Bangui, de l’Ombella-M’poko et de la Nana-Mambere pour évaluer la conformité des élections avec les standards internationaux. Ce déploiement intervient après une phase préparatoire intense incluant une mission d’évaluation préélectorale en septembre dernier. Les équipes ont interagi avec l’Autorité Nationale des Élections, les candidats ainsi que la société civile pour garantir une vision globale du processus.

Une vue des participants lors de la déclaration préliminaire de la mission de l’UA à Bangui

Les paradoxes du cadre juridique et politique

Le contexte politique restait marqué par les réformes constitutionnelles de 2023 ayant supprimé la limitation des mandats présidentiels. Cette situation a provoqué une fracture au sein de l’opposition, entre boycott pour les uns et participation active pour les autres. Le cadre légal a toutefois intégré des avancées notables comme le quota de 35% pour la représentation des femmes. Pourtant, la Mission a relevé avec regret l’absence totale de candidature féminine à l’élection présidentielle cette année. À l’inverse, les élections municipales ont enregistré un bond spectaculaire avec 46% de femmes candidates grâce au système de listes paritaires.

Une journée de vote entre calme et défis logistiques

Le jour du scrutin a été caractérisé par une atmosphère paisible sur l’ensemble du territoire observé. L’Union Africaine a toutefois noté que seulement 23% des bureaux de vote ont ouvert à l’heure légale. La majorité des retards découlait d’un acheminement tardif du matériel électoral ou d’un manque de ponctualité des agents. Pour compenser ces failles, le gouvernement a adopté une loi dérogatoire permettant l’usage de documents d’identité alternatifs comme le passeport ou le permis de conduire. Cette flexibilité a permis de préserver le droit de vote de nombreux citoyens n’ayant pas reçu leur carte d’électeur à temps.

Le chef de mission de l’UA, Bernard Makuza

Sécurité et transparence du dépouillement

La présence des forces de sécurité nationales et de la MINUSCA a été jugée professionnelle et discrète par les observateurs. La transparence a été renforcée par la présence constante des délégués des partis politiques dans la quasi-totalité des bureaux visités. Le dépouillement s’est déroulé de manière efficace malgré des problèmes d’éclairage récurrents dans certaines zones rurales.
La Mission salue également l’inclusion de la diaspora centrafricaine qui a pu voter dans quinze pays différents à travers soixante-deux bureaux de vote.

Vers une consolidation des acquis

En conclusion de sa déclaration, la Mission exhorte toutes les parties prenantes à privilégier les voies légales pour toute contestation des résultats. Elle recommande au gouvernement de renforcer les capacités des institutions locales nouvellement élues. L’Union Africaine invite également l’organe de gestion électorale à améliorer l’accès aux données désagrégées par sexe et par âge pour les futurs scrutins. Ce rapport préliminaire sera complété par un document final détaillé dans un délai d’un mois après la proclamation des résultats définitifs.