Forum Économique de Saint-Petersbourg 2025:

Accent sur le complexe militaro-industriel et le soutien aux marques nationales

Une vue du panel à l’assemblée plénière du SPIEF’25

Un autre pilier de la force intérieure russe est, selon Poutine, son « complexe militaro-industriel », qui connaît une « dynamique de développement soutenue », avec une hausse de la production et la maîtrise de nouveaux armements. L’armée russe sera dotée des technologies les plus avancées, éprouvées sur le terrain. Poutine a également appelé à une « intégration renforcée entre les industries de défense et les filières civiles », et à une coopération militaro-technique accrue avec les pays partenaires, non seulement dans le domaine de la modernisation et de la fourniture d’armes, mais aussi dans celui du développement de nouveaux équipements et de la formation du personnel.

« Développement de nouvelles marques nationales »

Enfin, en soutien à l’économie nationale, les autorités russes soutiendront le « développement de nouvelles marques nationales ». Poutine a noté qu’environ un million de marques commerciales ont été enregistrées, soulignant le dynamisme dans des secteurs comme l’industrie légère, les logiciels et les produits chimiques ménagers.
Les sanctions économiques à l’encontre de la Russie sont l’un des principaux volets du soutien occidental à l’Ukraine. Cependant, le décalage entre les attentes des élites occidentales et les résultats des sanctions interroge sur leur degré de connaissance de la Russie et sur leur capacité à prendre en compte les nouveaux équilibres internationaux. La résilience de l’économie russe peut s’expliquer notamment par la politique d’autonomisation économique mise en œuvre par le Kremlin et par le refus des puissances émergentes de participer aux sanctions. Il convient néanmoins de s’interroger sur la durabilité de la résilience russe face aux problèmes structurels internes, aux conséquences à moyen terme des sanctions ainsi qu’au poids des dépenses militaires.
Raisons d’une autonomisation économique et financière
Le décalage entre les attentes des élites occidentales et les résultats des sanctions interroge sur leur connaissance de la situation réelle de l’économie russe tout autant que sur leur capacité à prendre en compte les nouveaux équilibres internationaux. En effet, la résilience inattendue de l’économie russe peut s’expliquer à la fois par la politique d’autonomisation économique et financière mise en œuvre par le Kremlin depuis 2014, l’efficacité de la gestion de crise adoptée par les autorités russes depuis début 2022 ainsi que par la neutralisation d’une grande partie des sanctions par le refus des puissances émergentes d’y participer. Il convient néanmoins de s’interroger sur la durabilité de ce dynamisme inattendu de l’économie russe face à la persistance de problèmes structurels internes (contraintes démographiques, tendances monopolistiques…), aux conséquences à moyen terme des sanctions ainsi qu’au poids des dépenses militaires.

Exposition du matériel militaire Russe au SPIEF’25

Une puissance en affirmation face à un Occident interrogatif

Le discours de Vladimir Poutine au Forum économique de Saint-Pétersbourg est un document-clé pour appréhender la stratégie et la perception de soi de la Russie en ce milieu de décennie. Il témoigne d’une confiance inébranlable dans la capacité du pays à naviguer dans un environnement international hostile, tout en promouvant une vision alternative de l’ordre mondial.

La Russie se présente comme un modèle de résilience économique, capable de transformer les contraintes en opportunités, notamment en réorientant ses flux commerciaux et en stimulant sa production nationale et militaire.

Le décalage entre les attentes des élites occidentales et les résultats des sanctions interroge sur leur degré de connaissance de la Russie et sur leur capacité à prendre en compte les nouveaux équilibres internationaux. La « santé surprenante » de l’économie russe, conjuguée aux avertissements géopolitiques de Poutine, constitue un signal fort : la Russie est déterminée à jouer un rôle central sur la scène mondiale, quitte à bousculer les ordres établis.

Alors que les tensions persistent, la question demeure : comment les puissances occidentales adapteront-elles leurs stratégies face à cette réalité économique et politique inattendue ?

Prince Aristide Ngueukam, envoyé spécial à St-Pétersbourg