Forum économique de Saint-Petersbourg 2025:

Résilience de l’économie russe malgré les sanctions européennes

Le Président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine prononçant son allocution lors de la séance plénière du 20 juin 2025 au SPIEF’25

Le discours du président Vladimir Poutine tenu le 20 juin 2025 au Forum économique international de Saint-Petersbourg (Spief) a été l’occasion de situer le monde entier sur la santé de l’économie de la Russie et les perspectives économiques mondiales. Dans un discours teinté de défi et de confiance, le président russe a clamee la résilience et la solidité de l’économie de son pays, malgré les sanctions occidentales. Son intervention, digne d’un analyste chevronné, a mis en lumière les capacités d’adaptation de la Russie, tout en dessinant les contours d’un nouvel ordre mondial. C’est une Russie qui défie les pronostics occidentaux, avec une économie florissante et diversifiée.

 

Le message central de Vladimir Poutine au Spief a été clair et direct : l’économie russe non seulement résiste aux sanctions occidentales, mais elle prospère. En effet, le président russe a présenté des chiffres optimistes concernant l’économie nationale.

Bonne santé de l’économie russe

Il a souligné que le « produit intérieur brut (Pib) de la Russie progresse de plus de 4 % par an, en dépit de toutes les difficultés ». Il a insisté sur le fait que l’économie russe évolue avec confiance, tendant vers une « structure multiforme, plus diversifiée et de meilleure qualité ». Poutine a également affirmé que la Russie se classe au « quatrième rang mondial en termes de Pib, et au premier en Europe », des déclarations qui visent à contrer le récit occidental d’une économie russe affaiblie.

Poutine a également abordé la situation sociale en Russie, mettant en avant des progrès significatifs. Le « taux de pauvreté en Russie est tombé à un niveau historiquement bas de 7,2 % et continue de reculer ». Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 42,3 millions à 10,5 millions depuis l’an 2000. De plus, la Russie figure parmi les pays affichant les « plus faibles taux de chômage des jeunes au monde ». Malgré ces avancées, le président a reconnu que les résultats restaient « insuffisants » et a fixé l’objectif de ramener le taux de pauvreté à 5 %.
Le produit intérieur brut (Pib) de la Russie progresse de plus de 4 % par an, en dépit de toutes les difficultés, a déclaré Vladimir Poutine. Selon lui, l’économie russe évolue avec confiance et tend vers une structure multiforme, plus diversifiée et de meilleure qualité. Le président russe a également affirmé que la Russie se classe au quatrième rang mondial en termes de Pib, et au premier en Europe.

Une vue du panel des dirigeants du monde présents au SPIEF’25

Stratégie de résilience : autonomisation et réorientation

La résilience de l’économie russe, loin d’être un hasard, s’explique par une stratégie délibérée d’autonomisation et d’adaptation. Les analyses convergent sur plusieurs facteurs-clés qui ont permis à la Russie de faire face à la pression des sanctions.

D’abord dans le cadre d’une politique d’autonomisation économique et financière, on note que depuis 2014, le Kremlin a mis en œuvre une politique d’autonomisation économique et financière. Cette anticipation des pressions extérieures a permis à la Russie de se préparer aux chocs. L’économiste Alexandra Prokopenko, dans un rapport pour le Zentrum für Osteuropa und internationale Studien (ZOiS, Berlin), souligne que les élites russes ont acquis un véritable savoir-faire en matière de gestion de crise, les maintenant « en position d’être constamment prêts à faire face à des crises inattendues ». Cette capacité d’adaptation, forgée au fil des décennies, a été cruciale face à l’ampleur des sanctions imposées depuis 2022.

Ensuite, grâce à la réorientation des échanges commerciaux, qui est un élément essentiel de cette résilience, la Russie a activement renforcé ses liens avec des pays non alignés sur les sanctions occidentales, notamment la Chine et l’Inde, mais aussi le Sud global. Cette stratégie a permis de compenser efficacement les pertes de marchés en Europe et en Amérique du nord, garantissant des débouchés pour ses exportations et des sources alternatives pour ses importations.

Pour ce qui est de l’économie de guerre et la substitution de produits, l’augmentation des dépenses publiques, en particulier pour soutenir l’effort de guerre, a stimulé la demande intérieure et l’investissement. C’est une « économie de guerre » qui a permis aux usines d’armement de tourner « à plein régime », une performance jugée inattendue par de nombreux experts qui décrivaient une industrie russe décrépite. Parallèlement, la production nationale a été renforcée pour remplacer les produits importés, notamment dans les secteurs touchés par les sanctions. Cette substitution de produits a réduit la dépendance de la Russie vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement occidentales.

A ceci s’ajoute une gestion financière efficace. A ce niveau, la Banque centrale russe a également joué un rôle déterminant. Elle a réussi à gérer les fluctuations du rouble et à limiter l’impact des sanctions financières, en mettant en œuvre des mesures telles que le contrôle des capitaux et des taux d’intérêt élevés. Cette adaptation du secteur financier a stabilisé le système économique interne et renforcé la confiance dans la monnaie nationale.

Accord avec l’Afrique du Sud

Le Président Poutine et le Vice Président Sud Africain,Paul Mashatile

Au-delà des chiffres macroéconomiques, le président Poutine a mis l’accent sur des aspects plus concrets du développement. Il a salué l’accord avec l’Afrique du sud sur l’importation de vodka russe : « Pourquoi ? Parce qu’après un petit coup de vodka, comme on dit chez nous, il faut bien grignoter quelque chose », a-t-il plaisanté, ajoutant que cela sera donc « suivi par des livraisons de produits carnés et de céréales », soulignant ainsi la diversification des échanges commerciaux. Le vice-président sud-africain Paul Mashatile a d’ailleurs appuyé cette vision, insistant sur le rôle clé de la Russie dans l’économie mondiale, non seulement dans la production énergétique et la sécurité alimentaire, mais aussi dans l’industrie, l’innovation, l’exploration spatiale, l’énergie nucléaire et l’intelligence artificielle.
Prince Aristide Ngueukam, envoyé spécial à St-Pétersbourg