CAMEROUN :
Brenda Biya, fille du président, au cœur du débat sur l’homosexualité

Brenda Biya et Layyons Valença

La récente apparition de Brenda Biya, fille du président Camerounais Paul Biya, sur les réseaux sociaux en compagnie de sa compagne, la mannequin brésilienne Layyons Valença, a soulevé une vague de réactions et relancé le débat sur l’homosexualité au Cameroun.

Un coming-out courageux et symbolique

Cet acte, perçu par certains comme un message d’espoir pour la communauté LGBTQ+, est intervenu dans un pays où l’homosexualité est un crime passible de prison.
À 26 ans, Brenda Biya, en affichant publiquement sa relation, a offert une visibilité sans précédent à la cause LGBTQ+ au Cameroun. Son coming-out a été salué par des activistes comme Me Alice Nkom, qui le considèrent comme un acte courageux capable de faire évoluer les mentalités et, à terme, la législation. En tant que fille du chef de l’État, son geste a une portée symbolique forte, et elle a elle-même exprimé l’espoir que son action contribue à faire changer les lois et la perception de l’homosexualité dans le pays.
Cependant, cette démarche n’a pas fait l’unanimité. Brenda Biya a été la cible d’insultes et de réactions homophobes violentes. Une plainte a même été déposée contre elle pour « incitation à l’homosexualité », une infraction prévue par le Code pénal camerounais.

Un calvaire quotidien pour les personnes homosexuelles

Le célèbre transgenre Shakiro

Au Cameroun, les personnes homosexuelles font face à une opinion publique hostile, à des juges peu cléments et à des risques permanents. L’homosexualité est considérée comme « contre nature » et est passible d’une peine de prison de six mois à cinq ans. Des témoignages d’homosexuels exilés, comme Jean Kemogne et Hervé Kakmo, révèlent des persécutions et des violences, notamment des rafles policières humiliantes. D’autres parts, l’homosexualité est devenue un prétexte pour le chantage financier. Des personnes se faisant passer pour des victimes d’avances sexuelles extorquent de l’argent, avec la complicité présumée des autorités. Ces extorsions peuvent rapporter des sommes importantes. Paulin Mboume, un militant pour les droits homosexuels, fait état de centaines de cas chaque année rien qu’à Douala, soulignant également les dangers des guets-apens organisés via les réseaux sociaux.

Une traque familiale et sociétale

Les discriminations ne s’arrêtent pas à la sphère publique. Des personnes homosexuelles sont parfois dénoncées par leur propre famille, qui les rejette et les livre à la police. Des cas dramatiques sont légions, comme le meurtre d’Éric Lemlembe à Yaoundé et le décès de Basile Fonmeta à Douala. Ces événements ont déclenché des chasses aux personnes homosexuelles, menées conjointement par la police et la population. De nombreux cas de violence, de bastonnade publique, d’emprisonnement et même de décès sont rapportés, témoignant d’une violence extrême et impunie.
Des figures locales de la communauté LGBTQ+ comme Shakiro, Tankou Brice Atangana, Donald Frank Tchouleghe ou encore Shakiro ont échappé de peu à la justice populaire, tandis que d’autres, comme Jamil Mouliom, auraient succombé après des violences en public.

Homophobie d’État et combat pour les droits humains

Tchouleghe

Au Cameroun, le climat est celui d’une véritable traque pour les défenseurs des droits des personnes LGBTQ+. Au-delà des médias et des églises, les autorités camerounaises semblent être impliquées. Jules, le directeur de l’association Humanity First, témoigne de la peur constante vis-à-vis des forces de l’ordre. Selon lui, la simple reconnaissance de son homosexualité peut entraîner l’arrestation de toutes les personnes qui vous rendent visite.
Dans ce contexte, le cas de Brenda Biya pose la question de l’application de la loi. Si la loi est la même pour tous, elle pourrait être arrêtée, ou alors, toutes les personnes homosexuelles actuellement en prison devraient être libérées. Cet événement pourrait marquer un tournant, mais la route est encore longue pour la communauté LGBTQ+ au Cameroun.