CÉLESTIN BEDZIGUI :«La Commission Bancaire d’Afrique Centrale a raison contre la Caisse des dépôts et consignations du Cameroun»

Célestin Bedzigui, économiste et président du parti de l’alliance libérale (PAL) s’exprime sur la récente sortie de la Cobac qui demande à la Cdec de suspendre le processus de transfère des fonds en déshérence dans les banques camerounaises. Lire sa tribune.

Célestin Bedzigui, PDG du Pal

COBAC versus CDEC
La Commission Bancaire d’ Afrique Centrale a raison contre la Caisse des dépôts et consignations

La Commission Bancaire d’ Afrique Centrale a raison de demander l’ arrêt des transferts des fonds des institutions financières privées à la Caisses des dépôts et consignation.

Ceux qui reprochent à la COBAC d’ avoir arrêté cet accaparement léonin de l’ argent privé déposé dans les institutions privées par une institution publique l’ont tout faux et pour cause.

La CDEC n’ a pas vocation à être un Fonds d’ Investissement ou un Fonds Souverain. Son nom indique clairement sa mission. Vouloir la faire sortir du champs de ses missions relève d’ une véritable politique de gribouille. Ses ressources doivent provenir de mécanismes et de pratiques licites et non être les fruits d’ une légalité scélérate.

La protection constitutionnelle de la propriété privée serait violée si l’ argent d’ une personne privée déposée dans une structure financière privee était transférée à l’ État de surcroît sans son consentement. Au demeurant cette idée d’ argent en déshérence relève d’une volonté de rapine de l’ État sur de l’ argent privé qui doit resté en « custody » dans l’ institution privé choisie par son propriétaire tant que celle là existe.

Au pays de ceux qui nous imitons tous, quel est le rôle de la CDEC 

Dans le Code monétaire et financier de la France, Livre V , Titre Ier , Chapitre VIII : Les établissements et services autorisés à effectuer des opérations de banque, Section 2, Articles L518-2 à L518-24-1, la Caisse des dépôts et consignations et ses filiales constituent un groupe public au service de l’intérêt général et du développement économique du pays. Ce groupe remplit des missions d’intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l’État et les collectivités territoriale.

La Caisse des dépôts et consignations est un établissement spécial chargé d’administrer les dépôts et les consignations, d’assurer les services relatifs aux caisses ou aux fonds dont la gestion lui a été confiée et d’exercer les autres attributions de même nature qui lui sont légalement déléguées. Elle est chargée de la protection de l’épargne populaire, du financement du logement social et de la gestion d’organismes de retraite. Elle contribue également au développement économique local et national, particulièrement dans les domaines de l’emploi, de la politique de la ville, de la lutte contre l’exclusion bancaire et financière, de la création d’entreprise et du développement durable.

La Caisse des dépôts et consignations est un investisseur de long terme et contribue, dans le respect de ses intérêts patrimoniaux, au développement des entreprises.

La Caisse des dépôts et consignations est placée, de la manière la plus spéciale, sous la surveillance et la garantie de l’autorité législative.

La Caisse des dépôts et consignations est un établissement spécial chargé d’administrer les dépôts et les consignations, d’assurer les services relatifs aux caisses ou aux fonds dont la gestion lui a été confiée.

En pratique, la Caisse des dépôts et consignations utilise outre le produit des consignations prévues par la loi, la ressource du livret A d’ épargne pour prêter de l’argent aux organismes du logement social : offices publics d’aménagement et de construction (OPAC), offices publics de l’habitat (OPH), entreprises sociales pour l’habitat (ESH).

Et au Cameroun, veut-on faire de la CDEC un instrument étatique de spoliation des personnes privées?

Quel est le rôle de la Caisse des Dépôts et consignation au Cameroun ?
Créée en 2008, la CDEC qui a dû attendre 15 ans avant d’entrer en activité a pour mission de collecter, sécuriser et rentabiliser sur le long terme les ressources généralement « oisives » pour les orienter vers l’accompagnement des politiques publiques.

Là où le bas blesse est dans cette notion de  » ressources oisives », comme si un compte peut exister dans les livres d’ une institution financière sans que l’ identité du propriétaire n’ ait été renseigné à l’ ouverture dudit compte. Parler donc de  » ressources oisives ou en déshérence » est par conséquent irréaliste et pourrait recouvrir une intension dolosive des pouvoirs publics de mettre la main sur de l’ argent privé, ce qui constituerait ni plus ni moins que de la rapine d’ État.

Arrêter le vol

Je voudrai reprendre ici une réaction de Hervé Akame à mon propos, qui vient compléter de manière fort pertinente ma réflexion et je le cite: »Ce propos de Célestin Bedzigui me semble relever du bon sens. Point d’avoir fait HEC paris pour tirer la même conclusion. Toute la littérature sur les économies ou l’épargne depuis les temps immémoriaux n’ont jamais échappé aux ayant droits. La thèse de notre ami anthropologue feu David graeber « l’histoire de 5000 mille ans de dette l’atteste. Plus proche de nous, les petits fils de Victor Hugo n’ont eu de cesse de se battre pour ce que leur arrière grand- père avait comme fortune et scellée dans des banques en dépit de ces problèmes avec Napoléon. L’argent russe perdu dans les banques suisses malgré la fin des romanov n’a pas été oubliée. L’argent des algériens dû à des achats de blé pendant la révolution française,de 1789 malgré l’invasion de l’Algérie a été restitué par la France.
Je pense aussi à serge. Klasfeld qui continue à harceler les banques qui détiennent l’argent des nazis etc.. A plus forte raison, les africains dont la famille est si grande, et dont les héritiers savent bien ce que c’est qu’un pactole hébergé dans une banque. L’encadrement de ces sommes dans les banques suisses et autres est garanti par des lois. La COBAC a voulu dire non à un vol qui pouvait se généraliser au nom des règles et non au nom du droit. »
Et tout est dit.

Célestin Bedzigui,
Président du PALParti de l’Alliance Libérale