DEVOIR DE MEMOIRE

Jean Mbouendé a été une des cibles principales du pouvoir colonial français à cause de son engagement ferme en faveur de la dignité humaine.

Malgré toutes les persécutions, il est mort centenaire, assurément grâce à une grâce particulière de la Providence.

Jean Mbouendé ne consultait pas les prestigitateurs ni les marabouts, mais de personnes justes, sincères et fidèles qui l’ont protégé.

Parmi elles, ses épouses dont Meni Tiemeni Jeanne décédée le 30 avril 2008. Cela fait 15 ans aujourd’hui : normal de mettre un arrêt pour lui rendre hommage.

HOMMAGE À UNE FEMME DE CARACTÈRE QUI A SU JOUER SON RÔLE AUPRÈS DE SON MARI QUI LUTTAIT CONTRE LA COLONISATION ET QUI EST DÉCÉDÉE LE 30 AVRIL 2008.

L’éloge funèbre de Clément W  Mbouendé lors de ses obsèques reste éloquent à cet égard.  

Lisons plutôt !

Honorables Majestés, Mesdames et Messieurs,

Comme le temps passe !

Voici quatre ans déjà que dans cette même enceinte familiale, nous étions tous ensemble pour faire les adieux à Jean MBOUENDE.

D’émouvantes et grandioses cérémonies avaient alors marqué l’événement et c’est avec beaucoup d’émotions que le famille avait vécu et apprécié les hommages rendus à son centenaire du Chef, que l’âge et les œuvres avaient élevés au rang de patriarche, par la volonté reconnaissante de nombreux compatriotes parmi lesquels le plus illustre d’entre eux, j’ai nommé le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Paul BIYA.

Ainsi, dans son message de condoléances adressé à la famille pour la circonstance, il affirmait : « Monsieur Jean MBOUENDE était un patriarche respecté et vénéré, un patriote engagé, un citoyen loyal vis-à-vis des institutions de son pays… ».

Parce que le patriarche avait ainsi mérité de la patrie, parce que la volonté de ses filles et fils de tous bords avait milité pour la pérennité de sa mémoire, parce qu’un monument dressé par le Cercle des Elites Intérieurs du Haut–Nkam continue de témoigner pour la postérité et continuera de susciter pour la vérité de l’histoire, la curiosité et l’interrogation des générations futures, parce que tout cela n’aurait jamais été possible sans la fidélité agissante et le courage de nombreux compatriotes dont Maman Meni que nous inhumons en ce moment, la famille MBOUENDE, par ma voix, leur renouvelle à son tour sa profonde reconnaissance.

Mami Meni est celle par qui la bénédiction est arrivée dans cette concession et son rôle auprès de son mari pendant les années troubles ayant précédé l’Indépendance du Cameroun Oriental et plus tard le Réunification du Cameroun a été d’une importance capitale.

En effet, en 1959 les forces coloniales ayant vainement cherché à traquer Jean Mbouendé avaient entrepris d’abattre les plants de café au motif que chaque fois qu’on réussissait à l’apercevoir, il se transformait en caféier selon ses calomniateurs, 11 000 plants âgés de 08 ans et en pleine production.

Cette opération s’étant soldée par un cuisant échec, elles ont relayé par une tentative de toilettage de son environnement immédiat.

Ainsi, pendant que certaines de ses coépouses sont arrêtées et transportées manu-militari en prison à Maroua Salack, Meniréussira à prendre la poudre d’escampette.

Jean Mbouendé dont on était sans nouvelle depuis cette date avait également réussi à se trouver une nouvelle cachette dans la plantation de son camarade de parti Tientcheu Pierre à Foyemtcha, et dans cette retraite, c’est Meni, armée de courage qui a pu localiser cet abri et de ce fait le ravitaillait en vivres.

Elle aurait pu accepter de le vendre contre espèces sonnantes et trébuchantes comme beaucoup d’autres l’auraient fait aujourd’hui. Elle s’est interdite de le faire. C’est cela sa grande leçon. Puisse la postérité s’en inspirer.

Derrière un grand homme se cachent toujours de grandespersonnes a-t-on coutume de dire. Jean MBOUENDE pour sa part a eu la grâce d’en avoir plusieurs dans son ombre dont ses épouses : je penserai à Maman KADJI Elisabeth décédée en 2004, Maman Meni TIEMANI qui fait l’objet de notre présence ici aujourd’hui et à celles qui sont encore en vie : Maman DJOMO Pauline absente aujourd’hui pour des raisons de santé, Maman NGANDEU Elisabeth, Maman NANA Jeannette et Maman MONTHE Suzanne.

Mami Meni était une femme de caractère et tenait à ce que ses décisions soient respectées. J’ai eu le privilège d’être témoin de ses dernières volontés.

Ainsi, en Janvier 2008, en présence de Charles MBOUENDEU, un de les aînés, elle m’a fait part de certaines de ses confidences et je souhaiterais que ces recommandations, que nous délivrerons en temps opportun, soient respectées.

Maman, nous ne cesserons de rappeler ta mémoire à la miséricorde de DIEU, de toutes ses espérances pour que ton repos éternel fasse toujours l’objet des ses gracieuses attentions, et qu’au delà de toi, les membres de la famille MBOUENDE qui t’on précédée dans l’au-delà bénéficient de la même générosité du ciel.

Au nom de toute la famille MBOUENDE, je souhaite vivement que ce DIEU très attentionné guide les pas de chacun d’entre vous ici présent, sur les chemins de la vie.

Bienvenue à tous dans cette concession et bon retour à chacun.

Je vous remercie.

Clément W. Mbouendeu: