PRÉSIDENTIELLE D’OCTOBRE 2025 :
CE QUE LES ACTEURS POLITIQUES DOIVENT SAVOIR…
En prélude à l’élection présidentielle d’octobre 2025, l’espace politique camerounais est en ébullition. Chacun à son niveau, acteur de première ou deuxieme ligne voire de troisième ligne est sur le front. Les médias s’en donnent à cœur joie avec des débats enflammés à la limite de l’invective avec des thématiques qui se disputent le ridicule des concepts. Pour Alphonse Bernard Amougou Mbarga, Professeur de science politique à l’Université de Douala « Une élection présidentielle n’est pas la fanfaronade. Et l’on comprend que plusieurs acteurs politiques s’y cassent régulièrement les dents. » Lire sa tribune…

Élection présidentielle d’octobre 2025 au Cameroun : la saison est ouverte.
En prélude à l’élection présidentielle d’octobre 2025, l’espace politique camerounais est en ébullition. Chacun a son niveau, acteur de première ou deuxieme ligne voire de troisième ligne est sur le front. Les médias s’en donnent à cœur joie avec des débats enflammés à la limite de l’invective avec des thématiques qui se disputent le ridicule des concepts. Une élection présidentielle n’est pas la fanfaronade. Et l’on comprend que plusieurs acteurs politiques s’y cassent régulièrement les dents. Un petit rappel de la réalité s’impose.
1- le cadre institutionnel de l’élection présidentielle
Au Cameroun, l’élection présidentielle est encadrée par la constitution. Elle fixe essentiellement la durée du mandat et l’âge du candidat ainsi que les conditions de la vacance à la fonction présidentielle.
La loi sur les partis politiques qui permet de déterminer l’engagement politique des candidats étant entendu que la possibilité de candidature est ouverte aux candidats indépendants ( sans affiliation politique attestée). Une telle perspective s’indique de l’importance d’un appareil politique pour porter un candidat.
L’essentiel du dispositif se trouve dans la loi No 2012/001 du 19 avril 2012 portant code électoral, modifiée et complétée par la loi No 2012/017 du 21 décembre 2012 notamment en ses articles 116 à 147. ELECAM l’assure par ses directives et le Conseil constitutionnel en est l’arbitre tout au long du processus.
Au regard de ce dispositif, à l’heure actuelle et compte tenu de la caution politique de la candidature à l’élection présidentielle ( conformément à l’article 121 du code électoral), seuls 19 partis politiques peuvent présenter un candidat à l’élection présidentielle sur les 369 officiellement reconnus par le MINAT. Y’aura-t’il 19 candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025? À l’évidence non ! En 2018, il y avait 22 possibilités pour 9 candidats au final avec un abandon de dernière heure non validée.
2- le moment électoral
La tradition politique voudrait que les élections aient lieu un dimanche. En réalité, le code électoral parle d’un jour férié ou déclaré tel.
À cet égard une précision s’impose : le mandat présidentiel actuel s’achève le 06 novembre 2025 (un 06 novembre quelle coïncidence !). Compte tenu des dispositions de l’article 116 du code électoral, l’élection présidentielle devrait avoir lieu le 05 ou 12 octobre 2025. Le corps électoral sera ainsi convoqué au plus tard le 15 juillet pour faire cas à l’article 126 du code électoral. La convocation du corps électoral suspend automatiquement l’inscription sur les listes électorales.
Les acteurs politiques ne sauraient donc se réfugier derrière les règles du jeu électoral pour étaler leurs limites. Sauf à faire preuve de mauvaise foi. L’heure sera donc bientôt à des déclarations de candidatures fantaisistes sans socle idéologique ni emprise sur le terrain.
3- les implications de cette flambée politique
Sur la scène politique, tous les acteurs n’ont pas les mêmes enjeux et les mêmes objectifs. Chacun va utiliser les moyens à sa portée et les médias seront courtisés. Certains journalistes pourraient voir leur porte-monnaie prendre du volume à force de se faire solliciter par tel ou tel « acteur politique » qui aimerait être sur un plateau.
Certains partis politiques vont s’engager dans des coalitions en fonction des enjeux et des stratégies politiques. Des présidents de partis politiques sans existence réelle sur le terrain vont se découvrir débatteurs dans les médias. La saison des déclarations de candidatures sans aucune chance de validation va s’ouvrir
En effet, il faut distinguer, une déclaration de candidature, le dépôt d’un dossier et la recevabilité de la candidature. En réalité, tous les partis politiques qui n’ont pas chapitre à l’élection présidentielle vont saisir le moment électoral pour faire parler d’eux et tenter d’exister sur la scène politique.
D’ailleurs le leader d’un parti politique dont les chances de recevabilité de candidature sont nulles s’est déjà découvert avec ses militants, un travail de communicant pour ELECAM. Ainsi, chaque jour et sur les réseaux sociaux, il appelle à l’inscription sur les listes électorales en rappelant les points d’enrôlement de ELECAM. Chose qui est régulièrement suivie d’un point de presse sur le sujet.
Pour les partis politiques qui veulent réellement compétir, il s’agira de choisir le bon candidat capable de porter les ambitions et les attentes du parti politique mais aussi surtout de séduire les citoyens camerounais. Il faudra mettre en place un programme et des équipes de campagne pour couvrir l’étendue du territoire national. Il faudra mobiliser des financements ( à commencer par la caution de 30 millions de francs CFA , article 124 du code électoral) car une campagne électorale coûte chère. La campagne et la conquête des électeurs ne commencent pas avec le décret portant du corps électoral.
Un parti politique qui a de réelles ambitions pour la présidentielle doit déjà être sur le terrain. En réalité, il devrait déjà l’être depuis l’année dernière.
Alphonse Bernard AMOUGOU MBARGA