THÉÂTRE : Asère Fotso Moudze retrace le parcours ambivalent de la vie d’une orpheline

À travers son œuvre intitulée « La fille de l’autre », parue aux éditions de Midi, le dramaturge camerounais explore la situation d’une âme faible abandonnée à elle-même. La tournure des évènements laisse à la fin une place d’honneur à la morale.

Asère Fotso Moudze a trouvé dans son imagination les paroles et les images pour toucher un aspect sensible de la vie en société. Orphelina – personnage central du récit, est orpheline comme l’indique subtilement son nom.

À propos du récit

La jeune fille vit les tourments de l’existence sous un toit dont les usurpateurs – membres de sa famille, administrent à leur guise en la marginalisant. Pourtant la vérité sur tous les biens matériels qui sont l’héritage de la malheureuse, restera voilée par le couple à l’origine de son malheur. Corvées, mépris et menaces font partie du quotidien d’Orphelina. Dans ses lamentations, la misérable sera visitée en esprit par son ancêtre. Sa vie réelle lui ai conté par cette force invisible avec toutes les précisions sur les conditions ayant entraîné la demoiselle dans les déboires. Confiante de ses visions, elle interroge les siens sur ses origines et sa position au sein de la famille. Injures et invectives s’en mêlent. « Enfant poubelle… Enfant ramassé…». Ces propos lui seront jetés sur le visage à sa moindre prise de parole. « Madame, qu’ai-je fait de mauvais dans cette maison…». S’est-elle plusieurs fois interrogée. Malgré ses pleurs et douleurs, la misérable, intelligente et assidue à l’école, trouvera dans la providence un refuge grâce auquel son destin sera transformé.

De la fiction à la réalité

Le dramaturge Asère Fotso Moudze met à nu les faits de famille. Les humains entretiennent le mensonge, l’hypocrisie, la méchanceté pour assouvir leurs intérêts égoïstes en écartant de leurs projets malsains les ayant-droits. Le drame, la mélancolie, le pathétique, se suivent dans l’évolution du récit. On pourrait faire le rapprochement de cette œuvre en rappelant « La cuillère cassée » ou encore « Binta l’orpheline», pour montrer la similitude entre ces différentes productions littéraires. Le dénouement est heureux.

L’œuvre et son auteur

La pièce de théâtre compte 13 personnages ou acteurs ; 24 scènes et 84 pages. Les étapes de la narration poussent le lecteur à découvrir la suite des événements. L’œuvre est digeste car elle est écrite dans le respect des règles de l’art. On gagnerait à connaître la fin d’une histoire pleine des leçons de vie. Son auteur est un féru de l’art scénique et enseignant des Beaux-Arts dans les universités camerounaises.

William Omer Tchuisseu