Une certaine presse l’a suffisamment relayé lundi dernier affirmant que le directeur du cabinet civil de la Présidence de la république a voulu influencer les magistrats en charge de cette affaire. Contacté, des sources au palais réfutent cette accusation et parlent plutôt d’une cabale visant à déstabiliser le proche collaborateur de Paul Biya, certains membres gouvernement et quelques pontes du régime. Sur la pauvre dépouille de Martinez Zogo, la danse macabre de la guerre des clans se dévoile…

 

Le directeur du cabinet civil (Dcc) de la présidence de la République aurait-il tenté de faire libérer les suspects dans l’affaire Martinez Zogo ? C’est la grosse interrogation qui alimente les esprits, au vu des grossiers titres qu’a servi une certaine presse dans leurs parutions, assez curieuses, de lundi dernier. Il s’agit plus précisément de quatre journaux qui ont exécuté une danse macabre sur la dépouille du confrère Martinez Zogo, à la manière d’une chorégraphie  bien coordonnée, distillée selon une symphonie minutieusement concoctée dans une même écurie. Au total : quatre titres quasi-identiques, soutenus par des articles plagiés, nourris de commentaires identiques. Une sombre méthode qui a trahi les origines des bailleurs ainsi que les véritables intentions de ces « mercenaires » de la plume, qui semblaient se discuter le « scoop » du siècle ! 

Lynchage à l’ancienne : Le devoir en commun des journaux Repères, L’expression, Projections, le Pélican

Au matin du 4 mars 2023, la commission mixte gendarmerie-police, prescrite par le chef de l’Etat, a finalement bouclé son enquête, avec des suspects au départ, qui ont connu des fortunes diverses. Il n’en fallait pas plus pour que le proche collaborateur du chef de l’Etat, le Dcc Samuel Mvondo Ayolo, soit publiquement lynché et  jeté en pâture par la presse. En effet, un simple récapitulatif des titres de ces journaux, visiblement en cabale contre ce proche du président de la République, permet de mesurer l’ampleur de ce tir groupé qui a, à coup sûr, emmené des citoyens, attentifs à l’affaire Martinez Zogo, à se poser des questions sur les déclarations graves faites par ses confrères.  

Dans sa parution du 6 mars 2023, le journal Repères titre : « Assassinat de Martinez Zogo, le Dcc tente de torpiller l’enquête ». A en croire ce journal, le Dcc aurait tenté en vain de faire libérer Jean Pierre Amougou Belinga et les autres personnes impliquées dans cette affaire d’assassinat. « Samuel Mvondo Ayolo, le mauvais génie du Palais de l’Unité, échoue dans une tentative désespérée de faire libérer les suspects, indiquant aux juges en charge de l’affaire qu’il s’agit d’un ordre direct du président de la République. Fort heureusement, la vigilance des magistrats a permis de déceler d’entourloupe qui aurait pu causer une explosion au sein d’une population camerounaise assoiffée de vérité sur les circonstances au meurtre crapuleux du journaliste », lit-on à la une de « Repères ».

La même actualité et les mêmes termes se retrouvent à la une du journal Projections. « Assassinat de Martinez Zogo, Samuel Mvondo Ayolo, le mauvais génie du palais de l’unité ». A l’introduction, on peut lire :  « Du bout de sa fonction de Directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo dont la fille a vendu le terrain où est construit l’immeuble Ekang appartement à Amougou Belinga formellement inculpé dans l’affaire Martinez Zogo, vient lamentablement d’échouer dans sa tentative de faire libérer les suspects de cette affaire Martinez Zogo qui émeut tout le monde entier en faisant croire aux juges en charge de l’affaire que le président de la République a instruit cela. Que nenni ! La vigilance des magistrats a permis de découvrir la supercherie dont l’échec vient d’épargner le Cameroun d’un soulèvement populaire, car les populations qui suivent de près cette affaire, veulent voir les coupables du crime crapuleux répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes ».

Le journal L’expression, quant à lui, livre à sa une : « Affaire Martinez Zogo, des pontes du régime au secours d’Amougou Belinga ». Avec, bien entendu, pour cible la même proie : « ils manœuvrent dans l’ombre pour la manipulation pure et simple du magnat de la presse camerounaise, dont la détention pourrait les mettre mal. Au détriment de la justice tant réclamée par le peuple sur cette affaire d’assassinat de Martinez Zogo qui, finalement, devient une affaire d’Etat. Elles sont nombreuses ces personnalités haut placés de la République qui, au grand mépris de la décision prise par le chef de l’Etat camerounais de faire la lumière sur cette affaire et du grand desiderata du peuple de voir les têtes des coupables tomber, qu’importe leurs statuts respectifs, qui manœuvrent sous cape pour que l’homme d’affaires Amougou Belinga, formellement inculpé et placé sous mandat de dépôt à la prison principale de Kondengui, soit libéré. De Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du Cabinet civil, au ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso, en passant par le ministre des Finances Louis Paul Motaze, pour ne citer que celles-là, ces personnalités sont déterminées, au niveau du sérail à tout mettre en œuvre pour que sieur Amougou Belinga, leur mentor ou poulain, recouvre tout simplement la liberté, parce que détenant, soupçonne une certaine opinion, des informations classées top secret(…).Lui vers qui s’était dirigé le Dgre, lorsqu’il a reçu sa convocation, qui a cru bon de recevoir, en audience privée, le juge du tribunal militaire, afin de lui signifier que le chef de l’Etat a instruit de faire libérer Amougou Belinga. Ce qui, semble-t-il est faux et interroge sur les mobiles qui pourrait amener ceux-là qui ont réussi à prendre sous leurs aisselles la Dgre à se mobiliser autant pour faire libérer un homme que les instances judiciaires compétents qualifient pour le moment de complice de torture avec aide. »

Comme pour ne pas violer les consignes, le journal le Pélican, dans sa livraison de ce même jour, qui avait pour titre : « Affaire Martinez Zogo : « Manœuvres ubuesques contre le président Paul Biya et le peuple camerounais », ne s’est pas encombré, en partageant intégralement la même introduction que son acolyte L’expression.

A leur suite, certains sont allés plus loin. « Dans les secrets du Tribunal militaire ! Vendredi dernier, le directeur du cabinet civil de la présidence de la république, monsieur Mvondo Ayolo, partenaire en “affaires” a voulu empêcher l’exécution du mandat de dépôt décerné contre les suspects », informe le journaliste en retrait Jean-Claude Mbedé. « En effet, monsieur Mvondo Ayolo a fait parvenir de fausses “hautes instructions” par téléphone au tribunal militaire en laissant croire que le président aurait exigé la mise en liberté des prévenus. Il a fallu toute la maestria des magistrats et enquêteurs pour savoir que le Directeur du cabinet civil qui gère les affaires privées du président n’est pas le Sg du président, qui lui est le principal collaborateur administratif du chef de l’Etat », informe ce dernier.

« Totalement faux ! »

Face à cette accusation portée par ses quatre journaux qui affirment sans ambages que Samuel Mvondo Ayolo,ex qualité directeur du cabinet civil de la présidence de la république, a demandé la libération des suspects au juge d’instruction en charge de l’affaire Martinez Zogo, des sources proche du cabinet civil indiquent : « C’est totalement faux ».Plus loin, ils signalent que cette cabale médiatique contre la personne qui s’occupe des affaires réservées du président Biya est tellement grossière au point de ne pas  surprendre même un nouveau-né. En réalité, prétendre que le Dcc a donné des instructions pour qu’on libère des suspects dans une telle affaire qui défraie tant la chronique est suffisamment grave. Ce serait tout simplement démontrer qu’au Cameroun, la justice n’est pas libre, encore moins le magistrat, à qui on demande pourtant de décider en son âme et conscience. C’est donc clair que Samuel Mvondo Ayolo n’a pas donné des instructions particulières, au nom du chef de l’état, à des magistrats en charge de ce dossier qui secoue la république. 

Honteuse danse macabre des charognards sur la dépouille de Martinez Zogo

D’autres sources font savoir que les charognards au sein du sérail ont décidé de s’affronter sur la dépouille de Martinez Zogo. Pour eux, il est temps de fragiliser les uns et les autres répartis dans les différents clans qui se positionnent pour la succession du président Biya. Tous les coups sont donc permis avec l’aide de la presse, et des lanceurs d’alertes qui ,à longueur des journées , distillent des « nouvelles » pour déstabiliser ou fragiliser les différents protagonistes.  

S’il est raconté en petit comité que Samuel Mvondo Ayolo fait partie de la dernière garde du cercle de confiance de Paul Biya, à l’occasion des observateurs avertis de la scène politique camerounaise estiment qu’il est normal que le Dcc soit la cible de ceux qui rêvent de prendre le pouvoir à tout prix, et même sur la dépouille de Martinez Zogo. Et le peuple dans tout ça !

Fouapong Mefiré