Dématérialisation du fret terrestre en Afrique
Le Bénin à l’école du BGFT au Cameroun
Deux ans après leur première mission effectuée au Bureau de gestion du fret terrestre Camerounais (Bgft), du 16 au 21 août 2021, une forte délégation d’une vingtaine de membres (commissionnaires agréés en douanes, transporteurs, représentant du Port autonome de Cotonou et de celui du Guichet unique du Benin, des syndicalistes ou d’informaticiens, l’Agence nationale du transport terrestre du Benin/Anatt), conduite par le président du Conseil d’administration de l’Agence national des transports terrestres Djedou Hermann, et le directeur général de l’Agence national de transports terrestre de la République du Bénin Richard Dada, était de nouveau au Cameroun, où elle a séjourné du 11 au samedi 15 juillet 2023. Question de s’imprégner davantage des bonnes pratiques et des fonctionnalités du système de dématérialisation des procédures de gestion du fret terrestre au Cameroun. A l’issue de cette mission d’observation et de partage d’expériences, avec le soutien du Bgft, suivie des descentes sur le terrain et des échanges avec les acteurs qui interviennent dans l’utilisation du système électronique de gestion du fret au Cameroun, les deux parties ont formulé des recommandations et se sont félicités de l’esprit de fraternité, de convivialité et de perspective pour l’Afrique. Un bel exemple de la coopération Sud-Sud.
La délégation Béninoise a donc clôturé sa mission de 6 jours au Cameroun samedi dernier avec une réunion de restitution qui s’est tenue au siège du Bgft à Douala sous l’encadrement de son coordonnateur El Hadj Oumarou.
Quand le Bénin revient à la source du Bgft
« Il y’a deux ans, nous sommes venus au Cameroun dans le cadre d’une mission d’exploration. Aujourd’hui, il s’agit d’une mission d’imprégnation car, avec l’expérience tirée du Cameroun et du Bgft, nous avons effectué des progrès dans l’implémentation d’un outil performant de gestion des procédures de dématérialisation du fret terrestre dans notre pays », a déclaré le représentant des co-chefs de mission(empêchés), qui poursuit : « le résultat de cette action est le retour au Cameroun de la délégation béninoise, parce qu’à l’heure où nous vous parlons, nous avons une solution digitale développée par un cabinet camerounais. C’est pour cela que nous sommes de retour, avec, cette fois-ci, les acteurs de transports, pour que nous puissions bénéficier d’un retour d’expérience, pour que la mise en œuvre de cette plateforme digitale dans notre pays soit une réussite. », a-t-il souligné, avant de rappeler que « la présente mission entre dans le cadre du processus du changement lié à la mise en place du système électronique de gestion de fret, où il est attendu les acteurs de la chaîne logistique des transports (un retour d’expérience, je le disais tantôt), pour faire une implémentation efficace et efficiente Sygfr au Benin ».
Préparation officiel du lancement du système digital du fret routier développé au Benin…
En réalité, « ladite mission est motivée par la préparation officiel du lancement du système digital du fret routier développé au Benin et son utilisation principalement pour soutenir les activités au Port autonome de Cotonou, avec le choix du Cameroun, comme l’une des expériences réussies de modernisation de la gestion du fret terrestre dans la zone Cémac. Cette mission a eu lieu dans la ville de Douala, de Kribi, de Bertoua, à la frontière de Garoua-Boulaï, et a permis à la délégation de rencontrer et d’échanger avec les structures suivantes : le Bgft, l’administration de douanes, le Guce, le Pak, le Pad, le groupe Agns-Bolloré, les syndicats des transporteurs, les représentants des organismes de gestion de fret de sous-région Afrique centrale. », précise le communiqué final.
Pour cette délégation béninoise venue s’imprégner, une fois de plus, de l’organisation et du fonctionnement du Bgft, ainsi que de la plateforme Landfreightis (Landfreight information system), qui est une bourse électronique du fret étendue à la sous-région, et plateforme d’enregistrement et de suivi des cargaisons créée par le Bgft (Bgft, Cncc, Guce, Douanes, transporteurs, bailleurs de fret etc.) et développée par le Bgft en partenariat avec le Cabinet Servoo, dans le cadre des opérations de facilitation du fret terrestre, tout a commencé le 11 juillet 2023, par une réunion de cadrage. Mais bien avant cela, les cadres du Dgft et la délégation béninoise ont eu une assise, en guise de réunion d’harmonisation du planning, afin de mieux structurer le déroulement des travaux.
Lors de la réunion de cadrage, présidée par El Hadj Oumarou Danjouma, coordonnateur général du Bgft-Cameroun et modérée par Abdoulaye Faouzi, promoteur du cabinet Servoo, qui a développé la plateforme du Benin, les participants ont suivi trois allocutions.
Dans son mot de bienvenu à la délégation béninoise, le coordonnateur général du Bgft El Hadj Oumarou s’est dit très honoré de la confiance que ce pays a placé en un cabinet du Cameroun, pour le développement du système de dématérialisation des procédures de gestion du fret terrestre. Ensuite, il est revenu sur le fait que c’est depuis août 2021 que ce partenariat avait pris corps et il s’en réjouit aujourd’hui, avant de s’engager sur le fait que sa structure ne ménagera aucun effort pour l’accomplissement de l’atteinte des objectifs de la délégation béninoise. « Nous avons été agréablement surpris de constater que nos frères Béninois, ont pensé que nous devons être ensemble, à travers la mise en place d’un système digitalisé et intelligent de gestion du fret terrestre, qui est inévitable aujourd’hui dans un contexte de mondialisation et d’innovations technologiques », s’est exprimé El Hadj Oumarou. Et de conclure : « Ce partenariat est appelé à devenir un modèle ou un label en Afrique. Le Benchmarking et le partage d’expériences Sud-Sud sont indispensables pour nos pays au moment où ils saisissent respectivement les opportunités de la Zlecaf. La gestion intelligente des corridors intègre parfaitement cette démarche de développement économique intégré voulue par nos Etats », a conclu El Hadj Oumarou.
Prenant la parole, le Pca de l’Anatt, Djedou Hermann, s’est dit ravi de l’aboutissement de partenariat d’action entre l’Anatt et le Bgft/Cameroun, au travers de la mise en place du système électronique de gestion du fret routier (Sygfr).
Au nom du Dg de l’Anatt Richard Daga, il a signifié que la plateforme développée a permis aujourd’hui, de réussir la migration du tiers des transporteurs agréés du Benin. Il a également rappelé qu’il est projeté le lancement du module de l’offre de transport et autorisation de cette plateforme dans le mois de septembre 2023, le lancement du module de l’offre du fret et de délivrance des lettres de voiture au mois de décembre 2023, et le lancement officiel de la plateforme et toutes ces fonctionnalités en mars 2024. Pour terminer, il a « souhaité que le Cameroun soit présent pour le lancement officiel, afin de renforce la coopération Sud-Sud entre les deux Etats ».
Se familiariser avec le mode opératoire du système camerounais…
Pendant leur séjour, la délégation béninoise a visité et prospecté les installations du Bgft du Cameroun. Pour ce faire, elle s’est divisée en trois groupes. Une équipe a fait le déplacement pour Kribi, une autre équipe a fait le tour des installations de Douala, par ailleurs ’une troisième équipe s’est déployé sur le corridor Douala-Bangui.
A Kribi, la délégation à visiter l’Agence Bgft de Kribi, le Port autonome de Kribi (Pak), l’Agence Guce, le secteur Douanes/Sud. A l’occasion, elle a échangé avec les parties prenantes au fret (Bgft, le bureau d’affrêtement routier centrafricain, le bureau nation de fret terrestre du Tchad, la douane, le Guce, le terminal à conteneurs, les transporteurs et les conducteurs).
Le groupe de Douala a pu visiter des Agns/Bolloré devenus aujourd’hui Ageil0…, le syndicat national des Transporteurs Routier du Cameroun, Guce, Pad, secteur des douanes.
Pour ce qui est du corridor Douala-Bangui, la visite des check-points de Bonis et de Garoua-Boulaï ont été faites. Comme dans les autres cas, cela a été suivi par des échanges fructueux avec les différentes parties prenantes de gestion de fret (Bgft, la barque, la douane, la police, la gendarmerie, les conducteurs).
Dans tous les cas, ces visites et échanges avec les parties prenantes de ce dispositif ont permis à la délégation béninoise de se familiariser avec le mode opératoire du système camerounais, les succès obtenus, les difficultés rencontrées et les approches de solution adoptées, ainsi que les perspectives, dont la finalité est la définition des adaptations possibles à ce modèle, pour la mise en place au Bénin d’une gestion électronique du fret des marchandises en transit par le Bénin et donc débarquées au port de Cotonou.
Constats…
A l’issue de la visite, « la délégation béninoise a exprimé le satisfecit qui est le sien, compte tenu de l’accueil chaleureux qui leur a été réservé tout le long du séjour, la qualité des échanges et des informations qui leur ont été fournies. Elle a également souligné qu’au regard des avancées du Cameroun dans le processus de dématérialisation des deux pays, des opportunités stratégiques, en matière de développement régional et la digitalisation du transport du fret au différents ports du Cameroun, le Benin pourra s’en inspirer et maintenir la coopération Sud-Sud », peut-on lire dans le communiqué final.
De manière générale, les constats suivants ont été faits, apprend-on : le choix du Cameroun par le gouvernement du Benin, soutenu par le partenaire technique et financier Pasport Enabel, a été judicieux, car le transport des technologies est effectif et se consolide pour le bonheur de nos deux régions. Le Bgft a effectué un travail de fond important pour le Cameroun et la sous-région Cémac, et dispose d’une solution digitale évolutive de gestion des frets terrestres opérationnels avec une salle de monitoring de référence. Une opportunité de reconnaissance de Lvi(Lettre de voiture internationale) et de coopération mixte pour nos deux pays. Les membres de la mission repartent satisfaits de ce deuxième voyage, de ce qu’ils ont vu et pensent avoir toutes les informations nécessaires pour un bon retour d’expériences, en vue d’une mise en œuvre efficiente d’une plateforme soutenant le système d’information portuaire et l’économie bleue.
Comme quoi, les Béninois ont été édifiés sur les processus opérationnels de la Bourse digitale du fret terrestre du Bgft, plateforme d’échanges de services et de transactions entre transporteurs, donneurs d’ordre, institutions.
Recommandations…
Les principales recommandations formulées par les parties sont les suivantes : maintenir la coopération entre la Bgft du Cameroun et l’agence nationale de transport terrestre Annatts du Benin, notamment par la signature d’un protocole d’accord de développement des solutions africaines de fret terrestre en Afrique, à l’heure où l’accord sur la Zlecaf est entrée en vigueur ; apporter toute l’assistance nécessaire aux deux gouvernements, en révisant tous les risques et difficultés d’une véritable coopération, au bénéfice de nos populations et différents organismes de gestion de fret terrestre.
La cérémonie de clôture de la mission s’est achevée par les discours de clôture du coordinateur du Bgft El Hadj Oumarou, de la représentation de la délégation béninoise, de la présentation de la synthèse de la mission et quelques contributions des acteurs et leaders.
Aux sources du Bgft du Cameroun
Pour rappel, le Bgft du Cameroun est un dispositif géré par un Comité interprofessionnel des syndicats de transporteurs administré par un coordinateur général, soutenu par un staff technique et des check points essaimés sur le territoire camerounais et dans les pays limitrophes (Tchad et Rca). L’Etat exerce simplement une fonction de facilitation. Quant à la solution digitale Landfreightis adoptée, il s’agit d’une plateforme digitale interconnectée à celle du Guce, qui permet de gérer la déclaration du fret par les transitaires et bailleurs de fret et permet également aux transitaires ou bailleurs de fret de s’acquitter de cette formalité prévue dans les conventions bilatérales avec le Tchad et la Rca. Cette déclaration de fret est transmise via la plateforme e-Guce ; la gestion de la Lettre de voiture internationale (Route et Rail/Route), qui permet de gérer les demandes de la Lettre de voiture (Lvi/Lettre de voiture internationale, Lvo/Lettre de voiture obligatoire) des transporteurs et de les traiter. Ces demandes peuvent se faire en ligne par les transporteurs ou directement dans les services du Bgft ; le paiement électronique des frais des lettres de voiture ; le suivi du mouvement de transport terrestre des marchandises via leur géolocalisation à travers les check-points pour la délivrance par le Bgft du « sauf conduit international » ; la production des documents de transports.
Pour la suite, cela permet à l’Anatt, sur la base des informations obtenues à la faveur de cette mission, de mettre en branle d’une part le processus de réflexion et de concertation pour la proposition d’un modèle de Bourse de fret routier et le processus pour la mise en place de la solution digitale/numérique, d’autre part.
A cet effet, Enabel, à travers Pasport, s’est déjà engagé à soutenir l’Anatt par la mobilisation de l’expertise nécessaire pour la proposition de la solution digitale, le soutien pour l’achat des équipements et l’accompagnement de la réflexion/concertation, en vue de la mise en place du dispositif organisationnel.
Prince Aristide Ngueukam