REPUBLIQUE CENTRAFICAINE

Voici pourquoi le président Touadéra veut changer la constitution !

 

Le peuple centrafricain va devoir se rendre aux urnes le 30 juillet 2023 pour approuver ou non le projet de la nouvelle constitution présenté par leur chef de l’état. Toutes les raisons dans ce discours tenu le 14 Juillet 2023 à Bangui par Faustin Archange Touadéra. Lisez Plutôt…

Le président de la RCA,Faustin-Archange TOUADERA

BANGUI, LE 14 JUILLET 2023

– Centrafricaines, Centrafricains ;

– Mes Chers Compatriotes,

Le 30 juillet 2023, vous aurez à approuver, par référendum, le projet de la nouvelle Constitution de la République Centrafricaine, notre cher et beau pays en partage.

A la veille du lancement de la campagne référendaire, je voudrais vous adresser mes vives félicitations pour l’engouement démocratique et la sérénité observée jusque-là et qui témoignent de la maturité politique de notre peuple.

Mes Chers Compatriotes ;

Le scrutin référendaire du 30 juillet 2023 constitue pour notre pays un pas important dans la consolidation de la paix, de l’unité nationale, de la  démocratie, de l’Etat de droit, de la stabilité, de la souveraineté nationale et de l’émergence.

C’est un acte majeur dans le processus de refondation de notre pays que nous avons engagé, ensemble, depuis le 30 mars 2016.

Le projet de la nouvelle Constitution que je vous soumets en toute humilité et responsabilité, apporte des solutions innovantes aux crises interminables qui ont endeuillé nos populations, compromis la chance de développement socioéconomique de notre pays, maintenu notre peuple dans la dépendance, la misère et la pauvreté.

Ce projet de la nouvelle Constitution qui tient compte des expériences vécues de la Constitution du 30 mars 2016, apporte des solutions durables aux insuffisances, aux lacunes et incohérences constatées, et surtout brandit l’étendard de la patrie.

En effet, cette nouvelle loi fondamentale reflète les valeurs et les attentes du peuple centrafricain, tout en tenant compte de l’évolution du monde dont fait partie notre société.

Je vous exhorte à transcender les débats stériles axés sur les élections futures et à vous tourner résolument vers l’avenir de notre pays, un avenir meilleur pour nous-mêmes et pour les générations futures.

Bien entendu, une Constitution reste une œuvre humaine, donc perfectible.

Mais aucun modèle constitutionnel ne peut être imposé au peuple souverain.

Il est donc généralement admis qu’un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer ou de changer sa Constitution, car aucune génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures.

Le peuple qui fait la Constitution peut la défaire par une autre Constitution.

C’est pourquoi, aucune juridiction ne peut contrôler une loi référendaire, car elle constitue, entre autres, l’expression directe de la souveraineté nationale.

Mes Chers Compatriotes ;

Puis-je rappeler que le texte qui sera soumis à votre approbation souveraine traduit vos ambitions profondes à travers les réformes proposées pour réaliser le rêve de tous les Centrafricains, de tous ceux qui m’ont précédé à la tête de notre Pays, le rêve d’en faire un Etat émergent, c’est-à-dire une République Centrafricaine stable, extirpée des démons des conflits fratricides, jouissant librement de nombreuses richesses de son sol et de son sous-sol.

Pour traduire ce rêve et en faire une réalité, je vous propose une nouvelle loi fondamentale qui tient compte de ce vaste courant de pensées qui s’est exprimé en faveur entre autres :

  • D’un nouveau paradigme politique fondé sur une gouvernance vertueuse qui intègre les recommandations issues des différents dialogues organisés par notre pays ;
  • De la consécration de l’indépendance et de la souveraineté effective de notre pays ainsi que de la jouissance réelle des richesses du sol et du sous-sol ;
  • De la consolidation du pluralisme politique, socle de la démocratie, en améliorant les conditions de création des partis et associations politiques et en combattant l’usurpation de la souveraineté nationale et l’accès au pouvoir par coup d’Etat, rébellion, mutinerie ou tout autre procédé non démocratique ;
  • Du renforcement des droits humains, des libertés fondamentales, des devoirs des citoyens et de l’Etat, des droits économiques, sociaux et culturels ainsi que des droits collectifs ;
  • De l’effectivité et de l’opérationnalisation du processus de décentralisation et de déconcentration des services de l’Etat par la confirmation de la composition de l’Etat en sept (7) Régions comme réponse à certaines causes des confits qui minent notre pays depuis des décennies afin de permettre le développement équitable et harmonieux de toutes les régions, gage de la concorde nationale ;
  • De l’institution des fonctions de Vice-président de la République pour assurer l’intérim du Président de la République, Chef de l’Etat, en cas d’empêchement ;
  • De l’institution de la Chambre de la chefferie traditionnelle, composée des Sultans et des Chefs traditionnels de la République Centrafricaine pour valoriser notre culture et préserver nos us et coutumes, tout en procédant au règlement non juridictionnel des différends qui pourraient survenir dans nos communautés, ainsi que la promotion des idéaux de paix, de développement et de la cohésion sociale;
  • Du maintien des seules Institutions dont l’ensemble des budgets ne peut pas engendrer des difficultés financières en tenant compte de l’état de nos finances, de notre économie et des défis majeurs qui se posent à notre pays et au monde entier;
  • De la facilitation de l’accès des jeunes aux fonctions de Député et de Président de la République en ramenant l’âge exigé respectivement à dix-huit (18) ans pour les élections législatives et trente (30) ans pour les élections présidentielles ;
  • De la réaffirmation et de la consécration de la parité ;
  • De l’inscription dans le bloc de constitutionnalité du régime particulier de force majeure.

Le peuple centrafricain, seul juge suprême, est appelé à se prononcer et je le souhaite, favorablement, sur ces principales réformes.

Mes Chers Compatriotes ;

Le référendum constitutionnel nous met face à notre destin. Il exige de nous le patriotisme, la loyauté vis-à-vis de la République et un sens de responsabilité accru.

Vous le savez, même dans les grandes démocraties, il n’est pas admis qu’un citoyen possédant la double nationalité soit éligible aux fonctions de Président de la République, ceci pour préserver la patrie, l’indépendance du pays et protéger la Nation contre tout conflit d’intérêt.

Contrairement aux arguments spécieux développés par les partisans du NON au référendum constitutionnel, il ne s’agit nullement d’une manœuvre destinée à écarter certains Compatriotes qui se trouveraient dans cette situation ; loin s’en faut.

Les Compatriotes possédant la double nationalité pourraient librement renoncer à leur nationalité d’adoption ou d’origine, dans les conditions prévues par le Code de la Nationalité centrafricaine en vigueur.

Je veux préciser que les citoyens possédant la double nationalité demeurent éligibles aux élections législatives et locales.

Mes Chers Compatriotes,

Des avis ont émergé de toute part soit pour soutenir les décisions de la Cour Constitutionnelle soit pour les décrier.

Certaines personnes avisées estiment que la Cour Constitutionnelle actuelle est investie de pouvoirs très étendus empiétant sur les compétences des autres juridictions, d’où la nécessité de la réforme de cette institution.

A cet effet, elle sera remplacée par un Conseil Constitutionnel aux missions bien précises à l’exemple des autres juridictions constitutionnelles existant dans les pays de la sous-région et dans le monde.

Je tiens à préciser que le changement dans la dénomination et la composition ne saurait brider les missions que cette haute juridiction retire de la nouvelle Constitution de la République.

Mes Chers Compatriotes,

Puis-je rappeler que le projet de la nouvelle Constitution que je soumets à votre approbation s’accorde logiquement et parfaitement avec l’idée de souveraineté de l’Etat qui veut qu’il n’y ait rien au-dessus du peuple souverain.

Chacun est libre, conformément à la loi, de battre campagne pour le OUI ou pour le NON. Le seul arbitre souverain, c’est le Peuple.

Puis-je également rappeler que c’est après consultation du Président de la Cour Constitutionnelle et du Président de l’Assemblée Nationale, conformément aux dispositions de l’article 90 de la Constitution du 30 mars 2016 et de celles de l’article 2 de la loi du 13 janvier 2023, fixant les procédures référendaires en République Centrafricaine, que j’ai décidé de soumettre à votre vote le projet d’une nouvelle Constitution de notre pays.

Je vous exhorte à œuvrer pour que la campagne référendaire se déroule dans le calme, dans le respect des textes en vigueur et en toute responsabilité.

Outre la Direction Nationale de Campagne, j’exhorte tous les médias, les organisations de la société civile, les associations et mouvements politiques, les plateformes existant dans notre pays, à se faire le relais pour favoriser une participation massive de nos concitoyens au référendum constitutionnel.

Des dispositions seront prises pour que la campagne référendaire et le scrutin se déroulent dans les meilleures conditions de sécurité.

Votre contribution, mes Chers Compatriotes, de l’intérieur comme de l’étranger, est précieuse et je sais compter sur votre patriotisme pour le succès du référendum constitutionnel.

Je suis convaincu que vous allez massivement voter OUI.

« OUI » pour briser les chaînes de la misère et du sous- développement ;

« OUI » pour un développement égalitaire de toutes les régions et de toutes les communautés nationales ;

« OUI » pour tirer profit des richesses de notre sol et sous-sol ;

« OUI » pour la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays ;

« OUI» pour une République Centrafricaine émergente, prospère et pour un avenir radieux.

Vive la démocratie !

Vive la République Centrafricaine !

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine et son peuple !

Je vous remercie.