Sous la houlette du Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), organisations de la société civile, étudiants et opérateurs économiques se sont rencontrés le 02 juin dernier à Yaoundé autour d’un débat pour trouver des solutions contre la pollution plastique. C’était en marge de la Journée Mondiale de l’Environnement qui s’est célébrée le 5 juin 2023 sous le thème « Solutions à la pollution plastique ».

Comment arriver à un environnement exempt de plastiques ? Voilà la question qui a servi de toile de fond kaléidoscopique à la table-ronde organisée le 02 juin 2023 à Yaoundé, par le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable.

Combattre la Pollution Plastique

Avec un thème fort évocateur qui s’inscrit dans le cadre de la campagne #CombattreLaPollutionPlastique, Douze organisations regroupant des étudiants de Grandes Ecoles, des responsables d’établissements d’enseignement secondaire et des associations de la société civile ont part à cette rencontre coprésidée par Mboh Hyacinthe, Directeur des Normes et du Contrôle, Aoudou Joswa, Chef de Brigade des Inspections Environnementales et Hamadjoda, Sous-Directeur de la Gestion des Déchets, tous en service au Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable. Ainsi que Marc Monkam, Site Manager de la société Belgo-Camerounaise dénommée « Namé recycling ».

Pour Aoudou Joswa, le Cameroun n’a pas attendu que les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme pour mettre en place des solutions destinées à combattre la pollution par les matières plastiques. En la matière, le Cameroun peut se targuer d’avoir mis en place une réglementation instituant l’interdiction de l’utilisation des emballages plastiques non-biodégradables de moins de 60 microns, laquelle est entrée en vigueur en avril 2014. « Aujourd’hui, nous disons que la communauté mondiale a rejoint le Cameroun par le fait que ONU Environnement préconise d’arriver à réduire de 80% la pollution plastique par trois solutions : la réutilisation, le recyclage, la réorientation et la diversification des alternatives. Et ces trois solutions, pour ma part, rejoignent la vision du Cameroun, à travers sa stratégie de lutte contre la pollution plastique », se félicite le Chef de Brigade des Inspections Environnementales. Et d’ajouter : « Ensuite, il est question d’augmenter le pourcentage de recyclage de plastiques qui passera de 40 à 50%. A travers la bourse nationale des déchets qui se met progressivement en place ».

Recyclage de 40% de déchets plastiques

Le responsable du ministère du l’environnement pense qu’à travers le nouveau concept de l’économie circulaire, le Cameroun va mettre en œuvre cette vision qui parviendra au recyclage de 40% de déchets plastiques.

Près d’une décennie plus tard, le thème choisi par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) donne ainsi l’occasion au Gouvernement camerounais de faire un état des lieux de la circulation du plastique au Cameroun. Mais aussi, de faire connaitre l’ambition des pouvoirs publics et de réévaluer la stratégie gouvernementale en densifiant le volet réglementaire pour accentuer la sensibilisation et la pression sur les utilisateurs de plastiques à usage unique.

Au cours de cette table ronde, le constat qui se dégage est que « l’acuité de la pollution plastique dans notre société prend des proportions préoccupantes ». Et le mot « recyclage » a été plusieurs fois repris par les officiels du MINEPDED mais aussi par les participants, comme l’une des solutions les plus accessibles et les plus expérimentées. Un avis que relativise le représentant de la société Namé recycling. « L’inconvénient de ce déchet [le plastique] c’est qu’il est volumineux mais il ne pèse pas du tout. Raison pour laquelle sa collecte reste très couteuse. La valeur intrinsèque d’une certaine quantité de déchets est inférieure au coût logistique que vous mobilisez pour seulement déplacer cette quantité-là. C’est ce qui rend l’activité de recyclage un peu difficile », regrette Marc Monkam. Malgré ces difficultés, il demeure établi qu’une collecte imposante de ces déchets plastiques peut contribuer à leur donner une valeur certaine, au bénéfice de l’environnement. Raison pour laquelle Namé recycling s’illustre, à travers l’installation dans les quartiers, de « cages écologiques » qui sont en fait des « centrales d’achat » de bouteilles plastiques auprès des populations.  Seul problème : la rémunération de ces efforts de collectes. Les montants reversés aux populations sont en général dérisoires, ce qui est susceptible, sur le long terme, de décourager ceux qui espéraient faire de cette activité une source de revenus alléchants.

En dehors du recyclage, le MINEPDED recommande aux populations de privilégier les sacs réutilisables et durables et d’éviter l’incinération à l’air libre des sacs plastiques, une activité qualifiée de dangereuse pour la santé.

Les opérateurs exerçant dans le domaine du plastique sont également appelés à s’approprier le principe de la « Responsabilité élargie du producteurs (REP) », lequel consiste à engager les producteurs et les recycleurs à suivre le cycle de vie et récupérer les plastiques introduits sur le marché.

Le MINEPDED sur le terrain

Comme l’a souligné Aoudou Joswa, Chef de Bridage des Inspections Environnementales, la croisade contre l’ennemi plastique n’est pas une nouveauté pour le Cameroun. A l’occasion de la célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement de l’an dernier, le Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable lançait une campagne de ramassage de bouteilles plastiques dans les cours d’eau de la capitale politique du Cameroun. Le ruisseau situé au lieudit « Cité des nations », à quelques encablures de l’Université de Yaoundé I, avait alors été identifié comme l’archétype du cours d’eau susceptible de créer des inondations une fois conquis par ces déchets. De plus, il est courant d’apprendre que le MINEPDED, assisté par les Douanes Camerounaises dans le cadre de l’opération Halcomi 3, a saisi, confisqué et détruit des tonnes d’emballages plastiques non-biodégradables de moins de 60 microns, que des commerçants tentaient de commercialiser dans les grandes villes du pays. C’est dire la détermination des pouvoirs publics à combattre et sensibiliser sur les conséquences de ce fléau mondial. Une étude commandée par le WWF rapporte que si des mesures ne sont pas prises dès maintenant, la croissance prévue de la pollution plastique est susceptible d’entraîner des risques écologiques importants dans de nombreuses régions et de nuire aux efforts actuels de protection et d’accroissement de la biodiversité.

Alain Patrick Fouda