DIPLOMATIE :
Raymond Ndong Sima a fait entendre la voix du Gabon à l’Onu

Raymond NDONG SIMA à la tribune des nations unies

En lieu et place du président de la Transition, son excellence le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, chef de l’Etat empêché, le Premier ministre (Pm) Raymond Ndong Sima, à la tête d’une délégation ministérielle, a fait entendre la voix du Gabon, les 15 et 16 septembre 2023, durant le sommet extraordinaire du G77 et la Chine, qui s’est tenu à la Havane (Cuba). C’était en la présence du Secrétaire général de l’Organisation des Nations-unies (Onu) Antonio Gutteres. Une rencontre dont l’objectif premier était de revoir le changement des règles du jeu économique mondial. Cette sortie du Pm Raymond Ndong Sima constituait ainsi la première étape sur la voie diplomatique à travers le monde, en sa qualité de chef du gouvernement de la Transition.

Pendant deux jours, les pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Latine et la Chine, qui rassemblent près de 134 pays et représentent 80% de la population mondiale, se sont retrouvés pour « faire avancer les intérêts communs du Sud et la coopération ». C’est donc devant ces nations que le Gabon a présenté le processus de transition en cours ainsi que ses prétentions économiques. « Le thème de cette rencontre au sommet, qui nous rassemble ce jour, « défis actuel du développement, le rôle de la science et de la technologie et de l’innovation », est si évocateur qu’il nous renvoie immédiatement à la nécessité de renforcer et d’améliorer les processus de gouvernance politique et stratégique de notre pays. Car, de ces processus tournés vers l’amélioration de l’existant, dépend le développement de nos populations », a déclaré Raymond Ndong Sima.
En effet, le sommet du G77+ la Chine, à la Havane a été le lieu pour le Pm gabonais de plaider pour une traduction en actes urgents les engagements fixés, notamment en faveur du financement de l’adaptation climatique, du fonds des changements et dommages. Par ailleurs, il a aussi été évoqué la question sur la reconstitution du fonds vert pour le climat, ceci devant être exécuté dans une démarche collective, ordonnée et cohérente pour le bien-être des populations.

Prédation des ressources naturelles : une source importante de conflictualité

Prenant la parole, Raymond Ndong Sima a relevé que le système de sécurité collective et indivisible prôné par la charte des Nations-unies apparaît comme une fiction dans de nombreuses régions du monde en proie aux soubresauts de la guerre, notamment en Afrique, où la région du Sahel, la corne de l’Afrique, la région des Grands-lacs, sont devenues de véritables épicentres de l’instabilité. Dans la plupart de ces régions, a-t-il poursuivi, la prédation des ressources naturelles constitue une source importante de conflictualité, au point qu’elles deviennent une véritable malédiction pour les pays qui les possèdent. C’est pourquoi, selon lui, la situation exige de chacun des membres de la communauté, une réappropriation des objectifs de la Charte « et une réconciliation avec les aspirations des peuples du monde ». Par conséquent, il a plaidé pour une véritable transformation structurelle de l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation, ainsi que pour l’adaptation des mécanismes de promotion de la paix et de la sécurité dans un contexte global de crises et de conflits en constante mutation, tout en préconisant le renforcement de la prévention et de la consolidation de la paix pour empêcher la résurgence de crises en période de transition ou que naissent de nouveaux conflits.
En matière d’environnement, le Pm a fait savoir que son pays vient de bénéficier d’une restructuration de 3% de sa dette en échange d’un engagement à investir 163 millions de dollars dans la préservation de ses écosystèmes marins. C’est ainsi qu’il a invité les partenaires financiers internationaux à multiplier les initiatives de conversion de dette pour faire face aux défis du réchauffement climatique, de la perte de la biodiversité et du développement durable. « C’est par une approche multilatérale et la réinvention de nos réponses que nous pouvons efficacement relever les défis multiformes qui se posent à l’humanité », a-t-il conclu.
Le processus de transition au Gabon
Raymond Ndong Sima a saisi cette opportunité pour présenter aux participants le processus de transition, ainsi que ses prétentions économiques. C’est ainsi qu’il est longuement revenu sur les événements récents survenus dans son pays, ajoutant que tout observateur attentif, honnête et de bonne foi de la vie politique gabonaise de ces dernières années avait pleinement conscience de la dégradation de la situation. Il a assuré que, pour éviter « une nouvelle forfaiture électorale », les forces de défense et de sécurité gabonaises avaient décidé d’interrompre un processus frauduleux et dangereux pour la cohésion nationale. Raison pour laquelle les forces armées avaient opté pour cette voie, afin de conjurer le risque d’un incendie dont l’embrasement aurait ébranlé les fondements même de la société gabonaise et n’aurait pas épargné les nombreuses populations étrangères vivant au Gabon. En conséquence, cette intervention militaire « sans effusion de sang et sans aucun dégât matériel constaté, a été un moindre mal », la population l’ayant approuvée dans sa très large majorité. « Condamner un tel processus c’est soutenir qu’il aurait mieux valu laisser les affrontements se faire et venir constater ultérieurement le nombre de victimes », a-t-il plaidé.

Démarche inclusive pour préparer les réformes et revenir à un jeu institutionnel ordinaire

Le Pm a déclaré que son gouvernement de transition s’était engagé sans délai dans une démarche inclusive pour préparer les réformes et revenir à un jeu institutionnel ordinaire qui permette la dévolution du pouvoir par les élections. Il a annoncé la tenue d’une conférence de presse au cours de laquelle il indiquera le calendrier des consultations de l’ensemble de la classe politique ainsi que de la société civile, précisant qu’il mettrait à profit cette occasion pour « décliner le chronogramme des différentes étapes qui nous conduiront à de nouvelles élections ». Il en a profité pour lancer un appel solennel à l’ensemble des partenaires bilatéraux, régionaux et multilatéraux du Gabon pour accompagner et soutenir l’élan populaire de salut national en vue de renforcer les fondements de l’état de droit et de la démocratie pour une prospérité partagée.

Prince Aristide Ngueukam